Grand Besançon Métropole (GBM) s'impose comme un territoire pionnier en matière de gestion des déchets. Face à la hausse des erreurs de tri, la collectivité a déployé une solution innovante fondée sur l'intelligence artificielle pour améliorer ses performances. Objectif : améliorer la qualité du tri, réduire les coûts et renforcer la sécurité et l’efficacité des agents.
Le constat : des erreurs de tri coûteuses et dangereuses
Malgré des résultats exemplaires dans la réduction des ordures ménagères résiduelles, Grand Besançon Métropole faisait face à un défi majeur : la qualité du tri des déchets recyclables. En 2024, Les erreurs de tri dans les bacs représentaient 27.1% du poids total des déchets recyclables, soit plus d'un déchet sur quatre mal orienté, l’équivalent annuel de 3 500 tonnes. Les conséquences de ces erreurs sont lourdes :
- Coûts supplémentaires : Un surcoût de 1,147 million d’euros pour le traitement des refus de tri en 2024 (+17% par rapport à 2023).
- Des risques pour la sécurité, avec quatre incendies déclenchés dans les bennes de collecte à cause de batteries au lithium.
- Une efficacité insuffisante des actions correctives engagées, avec des communications institutionnelle et des interventions dans les habitats collectifs.
Constatant les limites des campagnes de sensibilisation classiques, GBM a choisi d’intégrer une technologie de pointe à son dispositif de collecte.

Le Système de Détection des Erreurs (SDE) : une innovation technologique
Pour relever ce défi, GBM a lancé une initiative d'envergure : le Système de Détection des Erreurs (SDE). Développé en partenariat avec le groupe Sulo et s'appuyant sur la technologie d'analyse d'images de Lixo, ce système exploite la puissance de l'intelligence artificielle.
Comment cela fonctionne ?
Le principe est à la fois simple et performant. Chaque bac de tri, est équipé d'une puce RFID, permettant de l’identifier. Lors de la collecte, des caméras embarquées dans les camions prennent des images du contenu des bacs au moment de leur déversement. Celles-ci sont ensuite analysées en temps réel par des algorithmes capables de repérer les erreurs les plus fréquentes.
L'expérimentation, lancée en septembre 2024 sur huit camions, a déjà permis d'analyser des dizaines de milliers de bacs, offrant une cartographie précise des pratiques de tri.
Les premiers résultats montrent que 76% des erreurs proviennent des sacs fermés ; 12% d’objets non identifiables et 7% de verre.
Des données précises pour agir efficacement
L'un des atouts majeurs du SDE est sa capacité à fournir des données très précises sur la qualité du tri, permettant de passer d'une communication de masse à une sensibilisation ciblée et personnalisée.
Analyser pour mieux agir
Concrètement, le SDE permet de :
- Identifier les zones prioritaires, Les données permettent de cartographier les secteurs où les erreurs sont les plus fréquentes. Là où les erreurs sont les plus fréquentes.
- Qualifier les erreurs (sacs fermés, verre, déchets dangereux…)
- Segmenter par type d'usager : particuliers, bailleurs sociaux, entreprises ou associations.
Les analyses montrent par exemple que 85 % des bacs les plus pollués appartiennent à des particuliers, tandis que les bacs des bailleurs sociaux présentent une contamination dans plus d’un cas sur deux. Ces données orientent désormais le travail des ambassadeurs du tri sur le terrain.
La redevance incitative comme levier
Cette démarche s'inscrit dans la continuité de la politique volontariste de GBM, qui a mis en place la redevance incitative dès 2012. Ce système, où la facturation est en partie liée au poids et au nombre de levées du bac à ordures ménagères, a fortement encouragé la réduction des déchets à la source. Le SDE vient compléter ce dispositif en se focalisant sur l'amélioration de la qualité du geste de tri.
Ce projet s’inscrit dans la continuité de la redevance incitative, instaurée dès 2012 par GBM. Ce dispositif, qui lie la facturation au poids et au nombre de levées du bac à ordures ménagères, a déjà permis de réduire significativement les déchets à la source.
Le SDE vient compléter cette approche en améliorant la qualité du geste de tri.

Vers une généralisation du dispositif
Les premiers résultats sont encourageants : moins de 4 % des bacs présentent une pollution massive. Cela signifie qu’en concentrant les efforts sur une minorité d’usagers, la métropole peut nettement améliorer la qualité globale du tri.
La prochaine étape consistera à engager un dialogue individualisé avec les foyers concernés, via des courriers pédagogiques ou des visites de terrain.
Si les résultats se confirment, le dispositif pourrait être étendu à l’ensemble de la flotte de collecte.
En s'appuyant sur des technologies innovantes comme l'intelligence artificielle, Grand Besançon Métropole ne se contente pas de moderniser sa gestion des déchets. Elle réaffirme son engagement pour une ville durable, où chaque déchet est considéré comme une ressource potentielle.




